Chilly Gonzales

Chilly Gonzales est né Jason Beck à Montréal (Québec), mais se fait la plupart du temps appeler Gonzales. Dès son plus jeune âge, ses parents l'initient au piano, qui deviendra vite son instrument de prédilection. C'est grâce à l'un des ses frères résidant à Hollywood que Gonzales compose ses premiers morceaux au piano, dédiés à des films et à des courts métrages.

C'est en 1998 qu'il décide de quitter le Canada pour s'installer à Berlin. Il signe avec le label Kitty-Yo et rencontre toute la scène electro berlinoise. Fan de hip hop, il se produit régulièrement en tant que MC dans des clubs de la ville. Loin des codes habituels du rap, il se crée un personnage loufoque, s'habillant en costume rose, jouant au crooner, tout en parodiant les rituels des MC. Il s'acoquine de Peaches, la petit princesse de l'electro, également Canadienne émigrée en Allemagne, aussi signée chez Kitty-Yo. Les deux sortent le single « Red Leather », qui est un carton underground.

Sollicité par Daft Punk, Björk, et même David Bowie, Gonzales trouve le temps d'enregistrer son premier album solo, Gonzales Uber Alles , qui sort en 1999. Le disque, d'obédience pop, est un album intimiste et retient l'attention de la critique, notamment en France où son nom commence à circuler. Quelques mois plus tard, en 2000, il revient avec un deuxième disque totalement différent, The Entertainist, entièrement consacré au hip hop. Son côté MC décalé en pantalon blanc et mocassins noirs séduit le public et la critique. Il part en tournée avec Peaches, créant même le doute sur l'entité d'un duo travaillant constamment ensemble.

Après avoir arpenté les clubs de l'Europe entière et les festivals d'été, Gonzales s'atèle à l'enregistrement de son troisième opus en 2002, Presidential Suite, qui bénéficie encore des louanges d'une presse décidément séduite. En 2003, Gonzales quitte Berlin pour Paris. Il y rencontre le producteur français Renaud Letang et travaille avec lui sur la musique de plusieurs artistes. Ainsi, Gonzales joue les arrangeurs pour Jane Birkin, Jamie Lidell, Christophe Willem, Charles Aznavour, Teki Latex (du groupe de hip hop TTC) ou encore Jean-Louis Aubert. Il permet aussi à la chanteuse canadienne émigrée à Paris, Feist, de connaître un énorme succès avec son premier disque Let It Die, qu'il co-compose et produit. Gonzales est demandé partout et par tout le monde.

Gonzales trouve le temps de poursuivre sa carrière solo, et surprend son monde en publiant son quatrième album chez Universal Jazz, Solo Piano, en 2005. Loin du hip hop, Gonzales revient sur ce disque à ses premières amours : le piano. Entièrement instrumental, ce disque sera souvent comparé à ce qu'a pu composer Erik Satie. L'album est un gros succès commercial et critique. La gloire ne s'arrête pas là puisque par la suite, le deuxième album de Feist (The Reminder), auquel il a collaboré, sera un énorme succès, tout comme le disque de Katerine sur lequel il la également travaillé. En 2006, Gonzales livre Z, un album de remixes comprenant quelques inédits.

Après avoir été courtisé par une kyrielle de réalisateurs comprenant François Ozon, Patrice Leconte, Pierre Jolivet et George Clooney, qui ont souhaité intégrer des titres de Gonzales dans leurs films, ce dernier revient en avril 2008 avec un nouveau disque intitulé Soft Power. Toujours au piano, le musicien livre un disque plus axé pop. Naviguant entre piano-rock et soft pop des années 1970 et 1980, ce disque de Gonzales aurait pu être écrit par un hybride entre Al Stewart, The Bee Gees et Billy Joel.

Parallèlement, Gonzales travaille sur les albums du groupe féminin belge Les Vedettes, ainsi que sur le disque du combo rock Housse de Racket. En janvier 2009, il joue dans le film biopic Serge Gainsbourg : vie héroïque de Joann Sfar. Dans ce film, le pianiste prête ses mains pour les plans serrés, remplaçant ainsi celles censées appartenir à feu Gainsbourg.

En mai 2009, Gonzales entre dans le Guinness Book des records en réalisant le concert le plus long de l'histoire : il joue 27 heures d'affilée au Ciné 13 Théâtre à Paris. Devenu Parisien d'adoption, Gonzales compose la musique de l'album Ivory Tower (août 2010), produit par Boys Noize. Le projet se transforme en film par l'intervention du réalisateur Adam Traynor, alors en rupture de son groupe Puppetmastaz. Scénarisé par Céline Sciamma, Ivory Tower met en scène Gonzales en joueur d'échecs ainsi que ses partenaires musicaux Tiga, Peaches et Feist.

En août 2012, le pianiste s'offre une nouvelle bouffée d'oxygène en solitaire avec la suite Solo Piano II. Son successeur paru en mars 2015, Chambers, est une excursion dans l'univers de la musique de chambre avec piano et quatuor à cordes.